Machine à écrire moderne : retour d’expérience


J’en parlais dans plusieurs articles précédents : je me suis équipé d’une machine à écrire moderne, appelée Freewrite Smart Typewriter.

J’écris cet article dessus, comme tous ceux qui datent de moins d’une semaine, et ça a changé ma façon d’écrire.

À première vue, ça semble être un gadget pour hipsters : il s’agit d’un appareil qui ne permet que d’écrire (même pas d’imprimer, comme le font les vraies machines à écrire). Le look est vaguement rétropunk, et ça coûte un bras.

Pourquoi est-ce qu’une personne sensée achèterait un appareil comme celui-là, si son projet n’est pas de prendre la pose dans un Starbucks en essayant de se faire passer pour le Hemingway des temps modernes ?

La réponse est simple : parce que ça ne permet QUE de rédiger.

On ne peut pas y écrire comme on le fait sur un ordi, en revenant sans cesse en arrière, en scrollant constamment pour corriger chaque phrase, et en donc en brisant le flux créatif dix fois par article…

C’est donc la machine idéale pour ceux qui veulent juste écrire, sans s’arrêter, d’une traite. Sans avoir rien d’autre à faire. Sans navigateur à portée de main, sans boîte e-mail, sans rien d’autre qu’un clavier et qu’un écran e-ink.

Si tu fréquentes un peu les communautés d’auteurs, ou bien si tu as lu quelques livres sur l’écriture ou suivi des formations sur le sujet, on te l’a forcément déjà dit : la meilleure façon d’écrire, celle que conseillent presque tous ceux dont c’est le métier, c’est de rédiger d’une traite, sans jamais revenir en arrière, sans se corriger, sans relire son dernier paragraphe avant de passer au suivant.

Bref, d’écrire d’un seul jet, pour ne pas interrompre l’élan créatif.

Et puis, une fois le brouillon terminé, le lendemain ou un autre jour, alors on pourra utiliser son jugement pour éditer le texte, le corriger, le peaufiner, sur un ordinateur.

La créativité fonctionne mieux lorsqu’elle n’est pas interrompue. En écrivant d’une seule traite, sans interruption, on travaille plus facilement, plus rapidement, et le résultat est bien meilleur.

L’élan créatif est trop précieux pour qu’on vienne l’interrompre avec le jugement et l’autocritique.

Et le problème, c’est que les ordinateurs n’incitent pas à travailler de cette façon-là, parce qu’ils permettent de tout faire, et sont par conséquent des usines à tentations.

C’est la raison pour laquelle tellement d’auteurs utilisent des machines qui ne permettent que d’écrire. Certains utilisent l’Alphasmart, un appareil des années 90 qui coûte quelques dizaines d’euros sur eBay.

J’en avais commandé un il y a cinq ans : le problème c’est qu’on ne peut pas y taper correctement en français (je reviendrai sur la question des claviers dans quelques lignes).

Il existe d’autres solutions :

Dédier un vieil ordinateur à l’écriture, le brider, et ne lui permettre de faire que ça.

Ou bien, utiliser une tablette e-ink qu'on peut équiper d’un clavier, comme le Remarkable.

Le Freewrite a l’avantage d’avoir un vrai clavier mécanique, qui fait du bruit (beaucoup de bruit, et c’est positif), ainsi qu’un écran e-ink, et un poids satisfaisant pour tenir sur les genoux en restant stable (1,8 kg).

Parlons du bruit du clavier, tant qu’on y est : d’habitude, pour écrire, je ne supporte pas le moindre bruit. Même pas celui d’un frigo. J’aime rédiger avec un casque antibruit, en écoutant de la musique qui couvre le son ambiant.

Ce qui m’a étonné avec le clavier mécanique du Freewrite, c’est qu’il est tellement sonore qu’il couvre tout le reste, et que je n’ai plus besoin de casque…

Mais ce n’est pas ma seule surprise (et s’il s’agissait que de ça, alors je pourrais me contenter d’utiliser un clavier mécanique Bluetooth pour mon ordinateur).

Lors de ma première journée avec le Freewrite, j’ai rédigé trois fois plus que d’habitude (environ 3500 mots), en la moitié du temps qu’il me faut d’habitude.

Et j’ai pris beaucoup plus de plaisir à écrire. Après toutes ces années à utiliser un ordinateur pour le travail, j’ai tendance à assimiler inconsciemment le boulot à l’ordi, et ça ne porte pas à la créativité…

Lors de ces dernières journées, mes premières sur le Freewrite, j’ai eu l’impression que les moments d’écriture étaient des moments de répit, de repos, de coupure, de ressourcement, et jamais des moments de travail.

Le fait d’avoir triplé le nombre de mots que j'écris, le fait que j’y prens beaucoup plus de plaisir que lorsque je rédigeais sur un autre appareil, et le côté rétro qui me rappelle un peu le Canon StarWriter de ma mère, dans les années 90 (une vieille machine à traitement de texte, sorte d’hybride entre un ordinateur basique et une imprimante…)… tout ça fait en sorte que l’objet m’a conquis.

C’est le genre machine qui n’a pas besoin de mises à jour constantes, et qu’on peut utiliser jusqu’à ce qu’elle crève, étant donné qu’on n’aura jamais besoin de fonctions supplémentaires.

Le Freewrite se connecte en wifi, et synchronise tous les textes qu’on a écrit dessus avec Dropbox ou Google Drive.

Venons-en au clavier : ça fait des années que je n’écris plus sur un clavier azerty, pour une raison simple : je vis à l’étranger, et si je casse mon ordi, je préfère pouvoir en acheter un tout de suite sur place plutôt que d’attendre une livraison.

J’écris donc en qwerty, sur toutes mes machines, avec le clavier US-International qui permet d’utiliser les accents français avec des combinaisons de touches.

Ce qui me permet d’utiliser des machines exotiques, comme celles-ci (un jeu de touches françaises est disponible, cependant).

Est-ce que je conseille le Freewrite ? Pas forcément.

Pour quelqu’un qui n’a pas la même démarche que moi, qui n’essaye pas par tous les moyens de revenir à des objets dédiés à chaque tâche (j’utilise aujourd’hui un vieux Nokia comme téléphone principal, un lecteur MP3, et maintenant une machine à écrire moderne…), ça ne fait pas forcément sens.

Par contre, redonner vie à un vieil ordi, y installer une distribution Linux minimaliste, y retirer le navigateur pour le consacrer seulement à l’écriture, c’est une idée que tout le monde peut appliquer, et qui peut permettre d’avoir les mêmes bénéfices : écrire deux ou trois fois plus vite, en prenant plus de plaisir.

Note : ceci n’est PAS un article sponsorisé, je n’ai aucun intérêt à conseiller le Freewrite plutôt qu’autre chose. C’est juste un retour d’expérience, qui sera, je l’espère, utile à ceux qui aiment écrire.


📷 La photo du jour :

Le chien du voisin, Maya. Il vient toujours se mettre entre les jambes des visiteurs, sur le dos...


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