Retour en arrière complet


Je suis en train de faire un retour en arrière complet : j’écris ces lignes sur une machine à écrire.

Dans ma poche, j’ai un vieux Nokia, sur lequel on peut me joindre en cas d’urgence, et qui ne sert qu’à ça.

Et dans mon sac, un lecteur MP3 rempli de musiques de relaxation, que j’aime écouter quand je lis ou quand j’écris.

Je reviens aux vraies choses.

J’en ai assez de me griller le cerveau avec ces machines à tout faire, qui sont conçues pour bouffer notre attention.

Notre attention, c’est justement le produit que les géants de la Tech sont en train de miner, comme autrefois les magnats du business faisaient miner du charbon.

Le tournant que je suis en train de prendre aujourd'hui, il était inévitable : au fil des années passées, je suis revenu petit à petit à une vie plus vraie.

Je suis passé d’un appartement en ville à une ferme à la campagne. J’ai arrêté de créer des contenus qui font plaisir aux algorithmes mais qui n’apportent rien, ni à mon audience ni à moi. J’ai arrêté de me divertir sur le web, et je suis revenu aux livres papier (et ma passion pour la littérature, qui s’était plus ou moins évanouie depuis mes 22 ans, est revenue : lire des romans, c’est redevenu l’un de mes plus grands plaisirs).

J’ai arrêté, aussi, de tout sous-traiter : je prends du temps pour cuisiner par moi-même au lieu d’acheter des plats tout faits. J’ai même largué mon aspirateur robot pour avoir le plaisir de faire le ménage à la main (ça sera le sujet d’un autre article).

Bref, petit à petit, ma vie devient plus simple, plus vraie.

Le moment devait venir : celui où je couperais les ponts avec la technologie débilitante. Avec la technologie qui est conçue précisément dans le but de bouffer le temps des gens, pour le vendre à des annonceurs.

Je garde mon smartphone et mon ordinateur, mais ils sont éteints la plupart du temps. Je ne les allume que lorsque j’en ai besoin : pour trouver mon chemin lors d’un voyage, pour valider une transaction avec l’application de ma banque, ou encore pour corriger mes textes (que j’écris maintenant sur une machine à écrire), pour mettre en ligne mes contenus, et pour organiser des lives avec les membres de ma communauté.

Le reste, mon temps libre, je le passe à lire des vrais livres, et à rédiger sur un appareil sur lequel on ne peut faire qu’une chose : taper du texte.

Une exception : le Kindle, qui me permet de lire des articles chaque matin, et de me tenir au courant de ce qui se passe dans les domaines qui m’intéressent, ainsi que de suivre des newsletters, sites web et publications de créateurs que je suis :

Grâce au service « Kindle4rss », je reçois une sorte de magazine tous les jours, sur lequel je peux inclure des newsletters grâce à l’outil « Kill the Newsletter ».

Beaucoup de gens se moquent des Amish (je suis en train de devenir un peu comme eux, à ma façon), sans savoir qu'ils ne rejettent pas la technologie par principe.

Quand une innovation leur semble intéressante, ils confient à l’un des membres de leur groupe la tâche de la tester. Puis ils font le bilan, en se posant la question suivante :

Est-ce que les avantages apportés par cette technologie valent le prix qu’elle demande de payer en matière humaine, sociale, de mode de vie, et autres ?

Si la réponse est non (ce qui est presque toujours le cas pour eux), alors ils vivront sans.

Mais si la réponse est oui, alors ils adoptent la technologie en question, parfois avec des aménagements (par exemple, chez eux il y a parfois un téléphone pour tout le village : c’est utile en cas d’urgence, et c’est tout).

Je n’essaye pas de vivre comme les Amish, parce que j’ai d’autres priorités, d’autres croyances, et un autre mode de vie que le leur.

Mais le principe de leur démarche fait sens : avant d’adopter une nouvelle technologie, on devrait toujours se demander si le prix à payer pour bénéficier des avantages qu’elle procure est justifié.

Mon but, ce n’est pas de convertir tout le monde au Nokia. On a chacun des priorités différentes, un cadre de vie, une activité et un contexte personnel ou familial différent.

Mon but, c'est plutôt de montrer à ceux qui me lisent qu’ils ont le choix, et qu’aucune loi n’oblige à utiliser la technologie de la même manière que le font la plupart des gens.

Ces machines là ne sont des outils. Et le propre d’un outil, c’est de servir à quelque chose.

C’est quand on inverse les rôles et qu’on se retrouve à servir l’outil qu’il y a un vrai problème.


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Séance d'écriture


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